7h du mat, départ de Concepcion, ville endormie, ciel bas,  chiens aboyants, chats rodants, nous fonçons tête baissée sur l'autoroute ignorant totalement le panneau interdit aux cyclistes.

N'ayant pas réussit á parcourir 200 km sur le bitume, nous voilá arrétés par deux techniciens de surface autoroutier qui poliment mais fermement nous expliquent que les prochains 85km reliant Concepcion á la panaméricaine sont interdits aux 2 roues écologiques.

Nous voici bien empruntés car l'autre alternative est un détour par les montagnes sur des routes partiellement non goudronnées.

Jade comprenant la gravité de la situation affiche sourire au guichet et reste bien sage dans sa carriole.

Pendant ce temps, nous entamons les négociations... Une demande spéciale de libre passage au supérieur direct par radio est faite, mais est catégoriquement refusée.

Finalement, le chef du chef est appelé par mobil, l'employé manque de peu une brimade devant son insistance, et la réponse est toujours négative.

Entre temps, un officier de la gendarmerie et son sub-alterne nous saluent d'une poignée de main gantée.

Les discussions continuent, mais le refus reste catégorique.

Jade sort de sa carriole et joue la blonde parfaite. Ces messieurs attendris par notre joker, décident de prendre les choses en main.

Le sub-alterne, se poste en amont, l'officier reposissionne sa casquette, et nous on s'apprête á faire un sitting.

A notre surprise, l'officier fait du stop, aidé par son collègue qui lui transmet par radio les caractéristiques du prochain véhicule.

Sans nous consulter, une camionette blanche nous est proposée pour embarquer tout notre équipement jusqu'á la route 5.

Dom ne trouvant place dans la cabine, accompagne les caisses de vin á l'arrière, pendant que Jade et Sara mangent des glaces.

Nos deux chauffeurs, pensant être amendés, n'ont montré aucune résistance á nous prendre.

Arrivé á destination, Dom sort avec un monstre mal de tête, ayant profité pleinement des retours de gaz.

Après ce léger contre temps, nous  continuons notre montée vers le nord en écumant les piscines municipales.

Jade s'y exprime pleinement équipée d'une bouée gonflable. Elle s'entraine pour les JO de Paris de 2022 en nage libre. Pour l'instant dés qu'elle quitte sa bouée, elle va plutôt visiter les fonds de patogeoire.

A ne pas négliger dans les lieux publiques, elle accepte enfin de garder son maillot même si il est mouillé.

L'étape de Talca est attendue fébrilement, car c'est lá que nous devons retrouver notre appareil photos.

A peine arrivé, le tee shirt mouillé, le casque vissé sur la tête, les mouches collées aux dents, nous nous ruons dans la poste. Dom tend son passeport á la postière,qui lui arrive á la taille, et entre deux respirations explique qu'un paquet en provenance de Suisse devrait être là. L'attente est longue jusqu'au retour de la postière, la deception est de taille puisque le précieux n'y est pas.

Avec peu d'enthousiasme nous cherchons un logement. Une jeune femme avec deux enfants, nous propose une chambre chez elle que nous acceptons bien volontier.

Le paquet se laissant désirer, nous décidons de ne pas attendre davantage, et demandons á ce qu'il soit envoyé á Santiago.

Après une soirée passée avec cette famille d'accueil dans un restaurant typique, nous reprenons la route. Comme d'habitude nous oublions des affaires, mais avec une extrême gentillesse Hector nous rattrape et nous tend notre linge de bain et 4 yahourts...

Chers lecteurs, nous devons vous confesser qu'après 3 mois de voyage, nous avons déjà perdus:

• un compteur de vélo (dramatique pour Dom)
• une pince á épiler
• une lampe frontale
• un adaptateur pour le gonflage des pneus
• un tee shirt polypros et un pantalon polaire de Jade
• l'alliance de Dom mais retrouvée (ouf)
• les lunettes de soleil de Sara
• des kilos par ci par lá

Pour diminuer les oublis, nous avons instauré des tours de chambre, et éloigné Jade du circuit lors des levers de camp!!

Allez, ne nous dites pas que cela ne vous ai jamais arrivé...

J-2, Santiago 150km, et nous on croit mourir entre la circulation, les pots d'échappements, la piste de secours partiellement inexistante et la méchanceté d'un chauffeur de  bus. Lors du passage d'un péage, nous avons l’opportunité de relier la capitale  en camion, et nous la saisissons sans hésiter.

Le paysage défile á une vitesse inhabituelle, Santiago apparait ainsi que son nuage de pollution.

Nous découvrons cette ville avec enthousiasme.

Malheureusement nous ne la visiterons pas aussi bien que nous l'aurions souhaité puisque durant la nuit du 13 au 14 février, nous sommes pris en otage par trois individus armés de pistolets qui s'introduisent dans notre hotel, alors que nous regardons un film á la télé du salon commun.

Nous sommes menacés de longues minutes, mais heureusement pas bléssés et nous avons tant bien que mal réussis á préserver Jade.

Les hommes partirons avec nos valeurs, nos passeports, nos visas pour les USA et bien d'autres objets inutils pour eux mais tellement utiles pour nous...

Désormais, nous érons d'ambassades, en commissariats et tribunal pour tenter d'obtenir la reconnaissance de notre agression,et de nouveaux papiers pour fuir ce lieu maudit.

Le moral en a pris un coup, mais ce ne sont pas trois petits malfrats qui mettrons á bas ce projet construit avec tant d'énergie.

Actuellement, nous sommes encore bloqués á Santiago, mais pensons pouvoir partir la semaine prochaine.

Une petite frustration régne tout de même,nous ne connaissons pas la fin du film!!!

Notre nouveau compteur affiche 2700 km, la cordillère nous nargue,  et nos mollets tremblent....

Nous nous réjouissons énormément de retrouver Greg et Christine, cela va faire du bien de parler Suisse.

Dom, Jade,Sara